L’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) a organisé en collaboration avec les Bureau régionaux du PNUD et de l’OMS et la contribution du peuple du Japon un atelier de validation de l’analyse de la situation et de renforcement des capacités en communication sur les risques dans l’espace CEDEAO du 11 au 14 juillet prochain à l’hôtel Sheraton à Abuja, Nigeria. Cette rencontre initiée dans le cadre du projet régional » “Supporting and Strengthening Sub-regional post-Ebola Medical Surveillance and Socio-Economic Recovery », visait à outiller les acteurs pour une préparation adéquate à la prévention et à la riposte face aux épidémies de plus en plus récurrentes dans la sous région ouest africaine. Elle a regroupé les cadres en charge de la communication et ceux en charge de la riposte et surveillance épidémiologique des ministères de la santé de l’espace CEDEAO.
L’Afrique de l’Ouest est une région caractérisée par la récurrence des flambées épidémiques des maladies infectieuses. En plus de l’épidémie de la Maladie à Virus Ebola (MVE) qui y a sévi entre 2014 et 2016, il a été également déclaré des épidémies de Choléra, de Méningites, de Fièvre Lassa et de Maladie à Virus Zika. Toutes ces épidémies ont amené les décideurs politiques au plus haut niveau à prendre conscience de l’importance du renforcement des capacités et de la préparation des pays pour répondre efficacement aux menaces sanitaires de la région. Lorsqu’une population est exposée à une menace réelle ou potentielle pour la santé, le choix des traitements peut être limité, l’organisation des interventions directes peut prendre un certain temps, et les ressources peuvent se faire rares. Pour toutes ces raisons, la communication de conseils et de directives devient l’un des outils les plus importants pour gérer les risques de santé publique. La communication sur les risques se présente ainsi comme un élément essentiel de la gestion des évènements majeurs de santé publique car i) l’application stricte des mesures de prévention véhiculées peut enrayer la menace et ii) les équipes de réponses sont souvent confrontées à l’incrédulité voire l’hostilité des populations locales. Toutefois, Il est impossible de prévoir des plans de communication classiques efficaces qui seraient applicables pour les épidémies à venir, d’une part, parce que de nouvelles maladies émergent et, d’autre part, parce qu’un même agent pathogène peut être responsable d’épidémies radicalement différentes selon les contextes.
Dès lors, la communication sur les risques fait partie intégrante de l’état de préparation globale face aux pandémies et aux épidémies des maladies infectieuses. Elle fait référence à un échange d’informations, de conseils et d’opinions en temps réel entre les experts ou les dirigeants et la communauté faisant face à une menace (danger) à sa survie, sa santé ou son bien-être économique et/ou social. Sa finalité est de faire en sorte que toute personne en danger puisse prendre des décisions en connaissance de cause afin de minimiser les effets de la menace et de mettre en place des actions protectrices et préventives. La communication sur les risques fait usage d’une combinaison de stratégies et tactiques de communication et d’engagement, incluant mais sans s’y limiter, médias, réseaux sociaux, campagnes de sensibilisation de masse, promotion de la santé, engagement des parties prenantes, mobilisation sociale et engagement de la communauté.
La récente épidémie de la Maladie à Virus Ebola en Afrique a révélé les faibles capacités de communication sur les risques en Afrique de l’Ouest. Une revue sur la communication des risques effectuée en Afrique subsaharienne a permis de relever une série d’erreurs stratégiques et de réalisations. Au-delà de la mise en place d’une communication indifférenciée, la diffusion de messages inappropriés a contribué à jeter le trouble et à exacerber l’anxiété au sein des populations or, il est démontré qu’une communication proactive, appuyée sur une analyse des représentations sociales de la population, encourage celle-ci à adopter des comportements de protection, facilite une surveillance accrue des maladies, réduit la confusion et permet une meilleure utilisation des ressources, tous ces éléments étant nécessaires à une réponse efficace aux épidémies et aux urgences sanitaires. Pour être efficace la communication ne doit pas se limiter au sens strict de ce mot, mais également inclure la notion de sensibilisation et d’éducation.
De ce point de vue, il apparait essentiel d’unir les forces pour soutenir des initiatives novatrices afin de rendre réaliste la vision de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) en matière de préparation et de réponses aux flambées épidémiques en général et de communication sur les risques épidémiologiques en particulier. Ainsi, l’OOAS et le Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont convenu d’amorcer une analyse du contexte régional en matière de communication sur les risques et d’appuyer une initiative de renforcement des capacités des différents spécialistes des pays de l’espace CEDEAO, en matière de communication sur les risques des pays lors des flambées épidémiques ou autres urgences sanitaires. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet régional « Soutenir et renforcer la surveillance médicale sous régionale post Ebola et les Initiatives de relèvement socioéconomique en Afrique de l’Ouest » financé par la Coopération Japonaise Internationale. Cette activité s’inscrit en parfaite conformité avec les objectifs en matière de préparation et de réponses aux épidémies/urgences sanitaires de l’équipe régionale d’intervention rapide de la CEDEAO (ERIR/CEDEAO). Au-delà de son ambition principale qui est de faire un état des lieux sur la situation en matière de communication sur les risques, cette initiative vise à doter la région CEDEAO de ressources humaines compétentes pour aider les pays à sensibiliser dès aujourd’hui la population aux maladies infectieuses et à concevoir en période de crise des stratégies de communication et d’éducation de la population adaptées, susceptibles d’entraîner l’adhésion et l’engagement des communautés. Il s’est agit donc de discuter et Valider le contexte national et régional sur la communication des risques épidémiologiques et l’éducation des populations sur les maladies infectieuses dans l’espace CEDEAO, d’initier les responsables de la communication à une approche de la communication et de l’éducation de la population basée sur une analyse anthropologique de ses représentations sociales, de renforcer les capacités des principaux acteurs (Pays, OOAS et OMS) en matière de communication sur les risques pour des interventions plus adaptées lors des flambées épidémiques en Afrique de l’Ouest.
Il est à noter que le renforcement des capacités des spécialistes en communication sur les risques épidémiologiques se fera en deux phases ; une phase d’apprentissage pré-atelier en ligne sur le site de l’OMS (OPEN-WHO) obligatoire avant la participation à l’atelier. Cette phase permettra d’exposer les participants à l’atelier aux concepts et théories de base en matière de communication. Cette phase d’apprentissage en ligne sera disponible dans les 3 langues officielles de la CEDEAO (Français, Anglais et Portugais), et un atelier régional de renforcement des capacités, d’échanges et de partage d’expériences en matière de communication sur les risques entre des experts nationaux, régionaux et internationaux et des participants intervenant dans ce domaine identifiés au niveau des pays. Ce renforcement des capacités s’est appuyé sur le cadre d’application du Règlement Sanitaire International et des cadres de préparation et de réponse existants. L’atelier a permis aux communicateurs des risques de faire des exercices de simulation à travers des exemples et des travaux pratiques pour assurer une acquisition de connaissances et de compétences pratiques.