Mieux cerner la lutte contre le VIH/SIDA chez les populations clés des États membres de la CEDEAO

Mieux cerner la lutte contre le VIH/SIDA chez les populations clés des États membres de la CEDEAO

Partager sur :

Facebook
Twitter
LinkedIn

Lomé, la capitale du Togo abrite une réunion de revue des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Dakar sur la programmation en matière de VIH/SIDA pour les populations clés des États membres de la CEDEAO. Organisée par l’Organisation Ouest Africaine de la Santé et ses partenaire ONUSIDA et USAID, cette rencontre inter vient en prélude à la réunion annuelle des populations clés organisée par le projet Ending AIDS in West Africa financé par l’USAID. La cérémonie d’ouverture de ladite rencontre a été présidée par le médecin commandant AWOUSSI Sossinou, Secrétaire Général du ministère de la santé et de la protection sociale, représentant le ministre de tutelle.

 

Les États membres de la CEDEAO sont caractérisés par la survenue d’épidémies récurrentes de maladies à potentiel  épidémique et par des crises sanitaires de plus en plus fréquentes, en plus du lourd fardeau du paludisme, du VIH et de la tuberculose. Avec 6,1 millions de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en 2017, l’Afrique de l’Ouest et du Centre est la deuxième région du monde comptant le plus grand nombre de PVVIH après l’Afrique australe et orientale (19,6 millions). La prévalence du VIH en Afrique de l’Ouest variait entre 0,3% au Niger et 3,4% en Guinée-Bissau en 2017. Cependant, il est de 5 à 10 fois plus élevé chez les populations clés qu’au niveau de la population générale. Par exemple, chez les professionnelles du sexe, le taux de prévalence varie entre 5,4% au Burkina Faso et 24,3% en Guinée-Bissau et entre de 1,9% au Burkina Faso et  41,9% au Sénégal chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Au cours des deux dernières décennies, des avancées significatives ont été réalisées dans la région en termes de prévention du VIH et de couverture de la thérapie antirétrovirale (TAR) La couverture des personnes recevant le TAR est passée de 14% en 2010 à 40% en 2017. Cependant, ces avancées restent insuffisantes et lentes par rapport aux engagements pris par les Etats dans le cadre du Programme
Fast Track et par rapport aux avancées remarquables réalisées dans la région de l’Afrique australe et orientale (couverture TAR de 66% en 2017)
De 2010 à 2017, le nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH a été réduit de 8% en Afrique de l’Ouest et du Centre ; ce qui est loin des 30% enregistrés en Afrique australe et orientale. En ce qui concerne les décès liés au SIDA, une réduction de 24% a été enregistrée en Afrique de l’Ouest et du Centre entre 2010 et 2017, contre 42% en Afrique orientale et australe au cours de la même période.

pop cle vih2

Les participants au cours des travaux

L’épidémie du VIH se concentre en Afrique de l’Ouest et du Centre parmi les populations clés et vulnérables. Quatre nouveaux cas d’infections au VIH sur dix dans la région proviennent de populations clés et de leurs partenaires. Ce fardeau disproportionné sur les populations clés est dû à divers facteurs : la discrimination, la stigmatisation et la violence auxquelles ces populations sont confrontées, les lois punitives qui empêchent les populations clés d’accéder aux services de santé, les faiblesses du système de santé en termes de services de qualité favorables aux populations clés, le financement limité des programmes destinés aux populations clés, la prise en compte insuffisante du volet communautaire qui est essentiel pour atteindre les populations clés et les retards constatés dans l’adoption et l’application des bonnes pratiques déjà éprouvées chez les populations clés dans les autres régions .

Les institutions régionales, dans le domaine de la santé, ont été mandatées pour coordonner et appuyer les États Membres à faire le suivi de leurs engagements et à relever les défis liés aux programmes de lutte contre des maladies telles que le VIH/SIDA et la tuberculose. Les partenaires au développement et les organismes des Nations Unies continuent d’appuyer les interventions nationales, régionales et continentales en faveur de l’accès universel aux services de santé ; Cependant, ces interventions exigent davantage de coordination et d’harmonisation.

En 2015, les ministres de la Santé des Etats membres de la CEDEAO, sous le leadership de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé et en collaboration avec l’USAID Afrique de l’Ouest et de l’ONUSIDA, ont signé la Déclaration de Dakar  pour une meilleure prise en compte des populations clés dans la réponse au VIH/SIDA dans l’espace CEDEAO. Cette déclaration comprend quatre engagements fondamentaux : (i) le renforcement de l’information stratégique, (ii) le renforcement des systèmes de santé, (iii) le renforcement des services communautaires, (iv) et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. En 2016, l’Union africaine et les responsables politiques de la CEDEAO ont approuvé le plan de  » rattrapage  » de l’Afrique de l’Ouest et du centre, qui vise à éliminer les goulots d’étranglement en matière de passage à l’échelle, et d’accélérer leurs réponses nationales respectives et atteindre une trajectoire permettant de réaliser les objectifs 90-90-90 d’ici 2020. Trois ans après l’adoption de la Déclaration de Dakar, il s’avère nécessaire d’examiner les progrès réalisés, d’identifier les succès obtenus, les obstacles, les enseignements tirés et les actions prioritaires nécessaires à mener au niveau national et au niveau régional afin d’accélérer les avancées en vue de la réalisation des objectifs.

« La rencontre de Lomé vise à contribuer à l’accélération des progrès en vue de la réalisation des objectifs en Afrique de l’Ouest, en particulier parmi les populations clés. Il s’agit plus spécifiquement de déterminer les progrès réalisés par les Etats Membres dans la mise en œuvre de la Déclaration de Dakar relative aux populations clés, d’identifier les facteurs de succès, les obstacles et les défis rencontrés par les pays et d’élaborer une feuille de route nationale révisée pour les 12 et 24 mois à venir,  et identifier les appuis nécessaires aux États membres de la CEDEAO sur la base du programme régional de lutte contre le VIH/SIDA de l’OOAS afin d’atteindre les objectifs 90-90-90 ». A indiqué Dr AMOUH Tété, responsable des programmes de lutte contre les maladies transmissible à l’OOAS.

La revue sera menée par un Consultant en collaboration avec l’OOAS, l’ONUSIDA, les comités nationaux de lutte contre le SIDA, les principaux réseaux de populations clés, les OSC/ONG concernées et les projets HP + et EAWA financés par l’USAID. Elle se déroulera en trois phases : (i) une phase de revue documentaire, (ii) une phase de collecte préliminaire de données (questionnaire rempli par les pays), (iii) et l’organisation d’un atelier régional de revue des progrès réalisés
Outre cette rencontre, un atelier de deux jours regroupera les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la Déclaration de Dakar aux niveaux national et régional, ainsi que les principaux partenaires techniques et financiers en prélude à la réunion annuelle des populations clés organisée par le projet Ending AIDS in West Africa financé par l’USAID.
L’atelier finalisera la collecte des données et fera une analyse approfondie afin de formuler des recommandations d’action pertinentes aux niveaux national et régional pour les 12 et 24 prochains mois. Le tableau ci-dessous présente le projet d’agenda de cet atelier.

Service de Communication du MSPS